La communauté internationale va-t-elle sanctionner le projet d’annexion d’Israël?

La communauté internationale va-t-elle sanctionner le projet d’annexion d’Israël?

Le nouveau gouvernement de coalition israélien prévoit de lancer le projet d’annexion de territoires palestiniens comme prévu par le plan Trump dès le 1er juillet 2020 en espérant le mettre en œuvre avant les élections américaines de novembre.

Le projet prévoit l’annexion immédiate de 30 % de la Cisjordanie, dont les gros blocs de colonies, les colonies isolées et la vallée du Jourdain. Selon l’accord de coalition, Nétanyahou et Benny Gantz, le chef du parti centriste Bleu et blanc et vice-premier ministre, agiront en accord avec les États-Unis en consultation avec la communauté internationale tout en maintenant les accords de paix existants avec la Jordanie et l’Égypte. Gantz, qui insiste pour protéger les accords de paix, s’efforcera de modérer les ardeurs de Nétanyahou sans toutefois bloquer son projet.

Le plan Trump a été rejeté par la grande majorité de la communauté internationale.

L’Union européenne (UE) a des relations privilégiées avec Israël grâce à un accord de libre-échange et des ententes de coopération. Israël est dépendant de l’UE, qui est son premier partenaire commercial avec 34 % des exportations israéliennes. En matière de coopération scientifique, l’UE finançait Israël en 2018 à près d’un milliard de dollars.

Sanctions

Le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, M. Josep Borrell, a déclaré que la voie diplomatique sera favorisée pour empêcher l’annexion. Si elle échoue, il prédit que « l’annexion ne passera pas inaperçue », bien qu’il admette l’absence de consensus parmi les États membres sur la question. Cependant, un certain nombre d’États tels que la France, l’Espagne, l’Irlande, la Suède, la Belgique et le Luxembourg sont prêts à imposer des sanctions. Au contraire, des pays tels que la Hongrie et l’Autriche s’y opposent.

Rappelons que les sanctions possibles contre Israël pouvant se prendre par l’UE, sans nécessiter l’unanimité, comprennent la suspension du financement et de la coopération sur certains projets dans les domaines de l’éducation et de la science, la remise en question de l’accord de libre-échange avec Israël et des sanctions contre des personnes. Les sanctions possibles appliquées par les États incluent : le rappel d’ambassadeurs, le soutien public aux procédures en cours contre Israël pour ses actions à Gaza devant la Cour pénale internationale et la reconnaissance de l’État palestinien.

Selon certains experts, les sanctions économiques et diplomatiques de la communauté internationale, y compris l’UE, les États-Unis et le Canada, contre la Crimée et la Russie n’ont pas eu l’effet escompté, car elles ont été insuffisantes pour annuler l’annexion de la Crimée et l’évacuation des troupes pro-russes du Donbass en Ukraine.

Violences en vue

Le roi de Jordanie a averti que si Israël annexait les territoires, il devrait s’attendre à un « conflit majeur », et son premier ministre a menacé de remettre en question les relations entre les deux pays, dont l’accord de paix qui assure la stabilité dans la région. Si le vice-premier ministre Gantz en particulier était convaincu que la Jordanie annulerait l’accord de paix, cela pourrait modérer le projet d’annexion.

Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne (AP), qui refuse de négocier avec Israël sur la base du plan Trump, vient de confirmer que l’AP mettait fin aux accords entre l’AP et Israël, y compris l’important accord sur la sécurité. Si ce geste était mis à exécution, contrairement aux menaces passées, il pourrait déclencher une vague de violence et déstabiliser la région. Rappelons que les intifadas du passé n’ont pas fait bouger Israël sur sa politique d’occupation. Ce geste est vraisemblablement insuffisant pour altérer le projet d’annexion.

Joe Biden, le candidat démocrate à la présidence, s’est déclaré opposé à l’annexion, mais aussi à des sanctions tout en promettant d’annuler le plan Trump s’il est élu. Donc, pas de menaces de sanctions d’ici novembre.

Le PM Trudeau, faisant allusion timidement à son opposition au projet d’annexion, a déclaré dans un communiqué félicitant le nouveau gouvernement israélien que « notre engagement envers l’ordre international fondé sur des règles est plus important que jamais ». Là aussi, pas de sanctions à l’horizon.

À moins de circonstances extraordinaires, le projet d’annexion israélien sera mis à exécution d’ici novembre prochain. Les sanctions vont probablement venir de l’UE et de certains États membres. Selon les experts, seules des sanctions strictes et coordonnées au niveau international ont des chances d’être efficaces, ce qui ne semble pas être le cas pour Israël. Au plus, les mesures européennes et possiblement jordaniennes pourraient modérer le projet d’annexion plutôt que de le renverser. Une chose est sûre, il y aura une nouvelle flambée de violence dans la région et Israël s’y prépare déjà.

À propos de l'auteur Le Devoir

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