«Merci Le Monde, merci Libération»: la diatribe de Michel Onfray contre les deux quotidiens français

«Merci Le Monde, merci Libération»: la diatribe de Michel Onfray contre les deux quotidiens français

«Je voudrais juste dire qu’être insulté par Le Monde sous la signature d’un certain Abel Mestre est une plume que j’ajoute volontiers à mon chapeau». C’est notamment par ces mots que le philosophe Michel Onfray s’est défendu, dans un long billet, d’un article peu élogieux à son égard publié par le quotidien le 19 mai. L’enquête en question souligne entre autres que la naissance de son nouveau média, Front populaire, semble vue d’un bon œil par des «personnalités de la droite radicale».

«Le journal Le Monde a été créé en 1944 par Hubert Beuve-Méry qui venait de l’extrême droite», a répliqué Michel Onfray, qui confesse ne pas avoir lu l’article, sachant d’avance quel allait en être le contenu : «Vichy, Pétain, Doriot, Déat, Hitler, Mein Kampf, Valois, les Rouges-Bruns, l’antisémitisme». L’essayiste dénonce une rhétorique de ses détracteurs «qui ne fait plus illusion que chez ceux qui ont renoncé à penser par eux-mêmes», avant de rappeler quelques passages de l’histoire du titre de presse.

Le journal Le Monde a été créé en 1944 par Hubert Beuve-Méry qui venait de l’extrême droite

Selon lui Hubert Beuve-Méry, opposé au général de Gaulle, a préféré «Jean Monnet et son Europe populicide et liberticide à l’Europe des peuples et des nations». Le père fondateur de l’Europe y est au passage accusé d’avoir été «financé par les Etats-Unis pour construire cette Europe destinée à abolir les nations afin de réaliser un grand marché post-national». 

Le quotidien vespéral n’aurait en outre, selon le philosophe, jamais dénoncé les liens du premier président de la Commission européenne Walter Hallstein avec le nazisme. Ce dernier a en effet adhéré sous le IIIe Reich à plusieurs organisations pilotées par les nazis, sans jamais avoir été membre ni militant du parti d’Adolf Hitler. 

Matzneff et Faurisson 

Autre dossier épineux exhumé par Michel Onfray, le relai donné par Le Monde dans les années 70 aux militants pour l’abaissement de la majorité sexuelle, voire la dépénalisation de la pédophilie. «Le 26 janvier 1977 […] il accueille en effet une pétition pour soutenir trois pédophiles ayant abusé de trois victimes dont la plus jeune à treize ans. Il publiera ensuite une autre pétition pour dépénaliser le crime pédophilique», écrit Michel Onfray, avant de rappeler que Le Monde a par ailleurs publié en 1974 un compte-rendu élogieux du livre Les Moins de seize ans de Gabriel Matzneff.

Cet écrivain, qui n’a jamais caché ses attirances pédophiles, fait aujourd’hui l’objet d’une enquête pour viol sur mineur après que l’écrivaine Vanessa Springora l’a accusé d’avoir abusé d’elle dans les années 80, alors qu’elle avait environ 14 ans. «Matzneff a été chroniqueur au Monde de 1977 à 1982», rappelle entre autres Michel Onfray. 

Le texte au vitriol du philosophe évoque par ailleurs le fait que des publications du Monde ont ouvertement fait l’éloge du régime maoïste chinois, dont «les estimations hautes parlent de 20 millions de morts», ou encore que le journal a livré des publications élogieuses en 1975 et 1979 sur les Khmers rouges, responsables de l’élimination de «20% de la population» du Cambodge.

Dans un autre billet, se voulant une annexe à la première charge de Michel Onfray, le média «Front populaire» récemment créé par ce dernier, a par ailleurs rappelé que Robert Faurisson avait «publié une tribune négationniste le 29 décembre 1978» dans le quotidien. Dans ce même billet, il est écrit que Le Monde a touché «deux millions d’euros par la fondation Bill Gates», ce qui mettrait en doute l’indépendance du titre au sujet du milliardaire américain. 

Le quotidien Libération a lui aussi subi les foudres du philosophe, qui a notamment exhumé une photo de son directeur de la rédaction et de la publication Laurent Joffrin, torse nu en compagnie de Jean-Marie Le Pen dans les années 70. Le père du journaliste était en effet un proche du patron du Front national, ce qui a permis aux deux hommes de se rencontrer à cette époque. Il a par ailleurs reproché au quotidien d’avoir appelé «à voter au second tour des élections présidentielles pour le candidat de l’Europe maastrichtienne». 

«Merci Le Monde, merci Libération», fanfaronne le créateur de Front populaire à la fin de son brulot.

Le PCF et la gauche 

Michel Onfray a dans le même texte pointé du doigt l’engagement communiste supposé du co-auteur de l’article du Monde Abel Mestre : «On m’a juste signalé qu’il était au PCF. Voilà qui me suffit amplement pour juger de la valeur éthique et déontologique du personnage», écrit-il avant de se livrer au même exercice d’énumération d’épisodes de l’histoire communiste en France. 

Le PCF y est accusé d’avoir collaboré avec les nazis pendant la durée du pacte Molotov-Ribbentrop (1939-1941) avant d’entrer dans la Résistance : «Mais c’était deux ans après l’Appel du 18 juin ; avant il [le PCF] estimait qu’ayant les mêmes ennemis qu’Hitler, à savoir les capitalistes, les banquiers, Londres, la City, de Gaulle et… les juifs, le compagnonnage n’était pas contre nature. Il ne l’était pas en effet», écrit-il. 

L’Humanité a sali ces victimes en les qualifiant d' »hitléro-troskystes »

Autre cadavre dans le placard du parti selon lui : le soutien à la répression contre le mouvement d’indépendance algérien, notamment en 1945 avec les massacres de Sétif et Guelma : «L’Humanité a sali ces victimes en les qualifiant d' »hitléro-troskystes »», écrit le philosophe, qui rappelle aussi le passé anti-immigration et anti-avortement du parti.

Et Michel Onfray de terminer cette diatribe par une citation de son livre L’impensé de la gauche, dans lequel il accuse la gauche en France de jouir d’une «totale impunité intellectuelle», se doublant d’une «formidable capacité à donner des leçons aux autres».

Enfin, Michel Onfray ne tarit pas d’éloges pour le fameux infectiologue Didier Raoult, qui collaborera avec Front populaire, dans un de ses échanges avec Abel Mestre qu’il révèle : «Il est, comme tous les hommes libres, un objet de détestation pour les gens de pouvoir et un objet d’admiration pour tous ceux qui subissent ce pouvoir».

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