«Enquête chez les Filles du roi» de Diane Lacombe: les femmes fortes de la Nouvelle-France

Reconnue pour ses romans historiques – elle a signé la trilogie à succès des châtelaines de Mallaig –, Diane Lacombe propose un étonnant voyage en Nouvelle-France dans son nouveau roman, Enquête chez les Filles du roi. À travers une correspondance entre ses personnages, elle offre un tableau vivant de la vie au temps de son ancêtre, Renée Biret.  

Son récit commence en 1663 dans la ville française de La Rochelle, où une jeune femme, Renée Biret, est sans nouvelles de son fiancé qui est allé s’établir en Nouvelle-France depuis quatre ans. Pour le retrouver, elle demande l’aide de ses amies qui s’embarquent comme Filles du roi.  

Les femmes échangent des lettres et les nouvelles arrivées en Amérique racontent la difficulté de s’adapter à leur nouvelle vie. Renée est invitée à se joindre à elles et à poursuivre sa quête. 

Diane Lacombe s’est basée sur l’histoire de la Nouvelle-France et sur la généalogie d’une trentaine de Filles du roi, dont son ancêtre Renée Biret, pour écrire ce roman épistolaire mêlant les faits historiques et la fiction.  

Mères de la nation 

Renée Biret s’est vraiment établie à Saint-Michel-de-Bellechasse et a eu neuf enfants. «C’était l’épouse de Pierre Balan dit Lacombe, arrivé avec le régiment de Carignan-Salières», explique l’auteure. «Renée Biret était dans les derniers contingents de Filles du roi : elle est arrivée en 1671. Le programme d’émigration féminine s’est terminé en 1773.» 

En tout, environ 870 femmes ont traversé l’Atlantique pour s’établir au pays, sur une période d’environ 10 ans. Diane Lacombe les considère comme «les mères de la Nation québécoise».  

L’écrivaine explique que certaines femmes ont peut-être fait preuve d’audace en traversant de leur propre gré, mais que plusieurs d’entre elles n’ont peut-être pas vraiment eu leur mot à dire.  

«Certaines d’entre elles ont été prises dans des maisons de la Charité – soit elles étaient abandonnées là ou étaient orphelines. C’étaient les religieuses qui tenaient ces maisons. Je suis certaine que plusieurs jeunes filles qui étaient là depuis plusieurs années ont été un peu poussées vers ce choix-là. Peut-être qu’elles n’étaient pas si audacieuses que ça…» 

Dès leur majorité, ces filles devaient quitter les maisons de la Charité. «Si tu n’as pas d’emploi, tu vis comment? Est-ce qu’elles étaient vraiment très renseignées sur ce qui se passait en Nouvelle-France? Peut-être pas… Tout ça est assez difficile parce qu’on n’a pas de témoignages de ces jeunes femmes.» 

Diane Lacombe note que les Filles du roi avaient ainsi la possibilité de faire un «bon mariage», d’épouser un homme qui avait des biens et qui était en mesure de les faire vivre.  

«Il faut savoir comment ces filles vivaient pour imaginer leur état d’esprit quand cette offre était faite par les agents du roi. On leur offrait une dot et la possibilité d’émigrer en Nouvelle-France, où elles étaient assurées de pouvoir se marier. Ces femmes, qui étaient souvent très pauvres, avaient très peu d’espoir de se marier parce que ça prenait une dot, à cette époque, quel que soit le statut social.» 

Diane Lacombe ajoute qu’une fois arrivées en Nouvelle-France, ces jeunes filles étaient encadrées, jusqu’au moment où elles étaient prises en charge par un mari qui avait déjà commencé à défricher son lot. «On investissait dans ces filles… mais il fallait que ça rapporte : on voulait créer des familles.» 

Le programme mis en place pendant le règne de Louis XIV pour peupler et conserver le territoire était novateur, note-t-elle. «On n’a pas vu ça ailleurs, comme procédé, et ça a fonctionné parce qu’après la fin du programme, on avait déjà doublé la population.»   

EXTRAIT 

<strong><em>Enquête chez les Filles du roi</em><br>Diane Lacombe</strong><br>Éditions Québec Amérique<br>200 pages

Photo courtoisie

Enquête chez les Filles du roi

Diane Lacombe

Éditions Québec Amérique

200 pages

«Chère Renée, je suis parfaitement aise d’être ici, mais je t’avoue appréhender l’hiver. Les travaux préparatifs pour sa venue vont bientôt nous accaparer, et au souvenir du mois de janvier dernier, l’angoisse m’étreint. Que de froid, que de glace, que de noirceur hâtive j’ai dû supporter. J’enviais l’insouciance de mon fils qui babillait à qui mieux mieux en s’amusant avec la neige poussée par le vent sous la porte. Mon mari a promis de revoir les calfeutrages un à un afin que nos murs soient bien étanches au froid, et j’ai hâte de voir si nous serons plus confortables autour de l’âtre quand le couvert neigeux sera étendu à perte de vue.» 

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