Il y a 40 ans, le Québec disait « non » à la souveraineté

Il y a 40 ans, le Québec disait « non » à la souveraineté

20 décembre 1979 : dévoilement de la question référendaire

Le gouvernement du Québec a dévoilé la fameuse question référendaire tant attendue.

Bernard Derome, animateur du Téléjournal, 20 décembre 1979

Le 20 décembre 1979, le chef du Parti québécois (PQ) et premier ministre du Québec, René Lévesque, se lève de son siège à l’Assemblée nationale.

La déclaration ministérielle qu’il se prépare à faire est historique.

René Lévesque présente aux Québécois la question sur laquelle ils devront se prononcer par référendum au cours du printemps 1980 et qui déterminera l’avenir politique du Québec.

Le correspondant parlementaire Jean-François Lépine analyse, dans un reportage présenté au Téléjournal du 20 décembre 1979, le contexte du dépôt de la question référendaire.

Le texte intégral de la question que dépose le premier ministre péquiste contient une surprise.

René Lévesque propose qu’un deuxième référendum soit tenu pour confirmer la volonté des Québécois de changer le statut politique du Québec après des négociations avec le reste du Canada.

Or, quelques mois plus tôt, le Congrès national du PQ avait rejeté ce scénario référendaire.

Le premier ministre Lévesque avait lui-même écarté cette option dans une entrevue accordée à l’animateur Bernard Derome à l’émission L’Enjeu du 26 octobre 1979. Le reportage de Jean-François Lépine nous présente un extrait de cette entrevue.

Le gouvernement péquiste invoque, pour expliquer la volte-face, la logique et les contraintes du calendrier pour motiver sa décision.

Les partisans du fédéralisme crient pour leur part à la tentative de manipulation politique.

Selon ces derniers, la mise en place d’un second référendum viserait à atténuer les craintes des citoyens par rapport à la proposition du gouvernement péquiste.

Un débat crucial à l’Assemblée nationale

Nous nous devons d’arriver avec nos voisins et partenaires du reste du Canada à une nouvelle entente d’égal à égal.

René Lévesque, chef du Parti québécois et du camp du « oui » au référendum, 4 mars 1980

Je vous invite à ne pas engager le Québec dans cette voie confuse, tortueuse, chargée d’implications qui pourraient être coûteuses et pénibles.

Claude Ryan, chef du Parti libéral du Québec et du camp du « non » au référendum, 4 mars 1980

Maintenant que la question référendaire était déposée, il fallait qu’elle soit acceptée par l’Assemblée nationale.

Un débat extraordinaire de 35 heures a été tenu à partir du 4 mars 1980 durant lequel les députés fédéralistes et indépendantistes ont présenté leurs points de vue au Parlement québécois.

Les correspondants parlementaires Gisèle Gallichan et Jean-François Lépine ont analysé au Téléjournal ce jour-là les discours d’ouverture du débat des chefs des camps souverainiste et fédéraliste à l’Assemblée nationale.

Le Téléjournal est animé par Bernard Derome.

Dans un discours de 50 minutes, le chef du Parti québécois, René Lévesque, a répété que la souveraineté était l’aboutissement logique de l’évolution politique du Québec.

À son avis, rejeter la proposition présentée au référendum favoriserait un Québec frileux et replié sur lui-même.

Pour sa part, le chef du Parti libéral du Québec, Claude Ryan, dénonce dans son discours la duplicité et l’imposture de la proposition souverainiste.

Il propose un amendement à la question, qui scinderait cette dernière en deux parties qui traiteraient successivement de la souveraineté puis de l’association avec le Canada.

Le débat a parfois pris un ton acrimonieux.

C’est ce qu’on peut constater dans un reportage de la correspondante parlementaire Gisèle Gallichan présenté au Téléjournal qu’anime Bernard Derome le 6 mars 1980.

Ce débat extraordinaire a été très suivi et commenté par les Québécois.

Il faut dire que ce dernier était télévisé, ce qui a permis une diffusion partout dans la province.

Plusieurs experts à l’époque ont estimé que les partisans de l’option souverainiste avaient dominé le débat à l’Assemblée nationale.

À la mi-mars 1980, l’option souverainiste a le vent dans les voiles.

L’Institut québécois de l’opinion publique publie un sondage où le « oui » obtient 47 % et le « non » 44 %.

Le gouvernement Lévesque croit que sa proposition peut rallier une majorité de Québécois.

Moments décisifs

Eh bien le mouvement des « Yvettes » a fait boule de neige. C’est finalement 14 000 « Yvettes » qui se sont réunies ce soir au Forum de Montréal pour entendre une vingtaine d’orateurs défendre la cause du « non » au référendum.

Bernard Derome, 7 avril 1980

Mais bientôt, deux événements font tourner le vent en faveur de l’option fédéraliste.

Le premier événement est ce qu’on a appelé le phénomène des « Yvettes », déclenché par une déclaration de la ministre de la Condition féminine, Lise Payette.

La ministre, en voulant dénoncer le sexisme, a amalgamé Yvette, une image stéréotypée de la femme soumise véhiculée par certains manuels scolaires, à Madeleine Ryan, l’épouse de Claude Ryan, le chef du camp du « non ».

La réplique ne se fait pas attendre et atteint son paroxysme lors d’une assemblée partisane monstre tenue au Forum de Montréal le 7 avril 1980.

Deux reportages des journalistes Raymond Saint-Pierre et Danielle Levasseur présentés au Téléjournal ce jour-là nous rappellent cet événement.

Le reportage du journaliste Raymond Saint-Pierre constate l’ampleur de la réunion au Forum de Montréal qui constitue « un rêve » pour les stratèges du « non ».

Le reportage de la journaliste Danielle Levasseur confirme que le mouvement des « Yvettes » prend une ampleur insoupçonnée et est le fruit d’une mobilisation féminine sans précédent.

Le deuxième événement est l’intervention du premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, le 14 mai 1980 dans le débat référendaire.

Le journaliste James Bamber présente au Téléjournal ce jour-là un reportage qui résume l’intervention du premier ministre canadien.

Le Téléjournal est animé par Bernard Derome.

C’est la troisième fois que Pierre Elliott Trudeau intervient dans le débat référendaire.

Ce soir-là à Montréal, le premier ministre canadien conclut que l’association économique d’un Québec indépendant avec le Canada est impossible, car « il n’y a pas de partenaires au Canada anglais ».

Par ailleurs, Pierre Elliott Trudeau jure solennellement devant 10 000 partisans du « non » qu’un vote rejetant l’indépendance du Québec déclencherait automatiquement une réforme du fédéralisme canadien.

Il met en garde les autres provinces canadiennes qu’une réforme constitutionnelle est inévitable.

Elle a été promise aux Québécois.

De plus, les 74 députés libéraux fédéraux du Québec mettent leurs sièges en jeu pour y arriver, martèle le premier ministre canadien.

Accepter, malgré tout, la défaite

Cette victoire du « non », il faut, malgré tout, l’accepter.

René Lévesque, 20 mai 1980

Le 20 mai 1980, les Québécois votent.

Tard dans la soirée, c’est un René Lévesque dépité qui prononcera un discours devant ses partisans.

Ce discours est diffusé intégralement sur les ondes de la télévision de Radio-Canada.

Le premier ministre du Québec le constate. Le résultat du référendum est sans équivoque.

Le « non » remporte 59,56 % des suffrages alors que le « oui » récolte 40,44 %.

Or, le premier ministre Lévesque a martelé au cours de la campagne référendaire que c’était la première fois depuis 1867 que les Québécois s’exprimaient sur leur statut politique.

Mais l’option souverainiste n’a même pas obtenu une majorité chez les Québécois francophones.

Malgré la défaite, l’atmosphère est électrique dans le Centre sportif Paul-Sauvé de Montréal.

Des milliers de partisans du « oui » applaudissent à tout rompre pendant huit longues minutes René Lévesque.

Le chef du PQ commence alors le discours le plus difficile et le plus périlleux de sa carrière.

René Lévesque reconnaît la défaite et exhorte ses partisans à l’accepter.

Il demande aussi à ses derniers de respecter l’opinion de la majorité qui veut donner une dernière chance au fédéralisme canadien.

René Lévesque a terminé son discours en demandant aux gens présents d’entonner la chanson de Gilles Vigneault Gens du pays, qui est un hymne à l’amour.

Il tend alors la main à ceux et celles qui s’opposent au projet souverainiste au nom de la démocratie et du maintien de la paix sociale au Québec.

Encore plus de nos archives

 

Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec

À propos de l'auteur Vigile.Québec

Vigile ouvre ses pages à tous ceux que le combat pour l’indépendance mobilise. Vigile respecte et encourage la liberté d’expression et accueille les différences qui ne compromettent pas l’avenir de la nation. Les auteurs assument l’entière responsabilité du contenu de leurs textes.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You