La revue souverainiste de Michel Onfray veut lancer un «Front populaire» contre Emmanuel Macron

La revue souverainiste de Michel Onfray veut lancer un «Front populaire» contre Emmanuel Macron

Durant la troisième semaine de juin paraîtra une nouvelle revue, Front populaire, créée par l’intellectuel Michel Onfray et le producteur Stéphane Simon. Une initiative qui «entend être le lieu de convergence de propositions et de réflexions des souverainistes de gauche, de droite et d’ailleurs», précise pour RT France Stéphane Simon, qui se réjouit d’un premier «succès» : avoir franchi la barre des 10 000 abonnés.

Ce Front populaire est en outre une plateforme internet qui diffusera du contenu payant et gratuit. «Nous serons un grand site d’informations qui ambitionne de jouer dans la cour de Mediapart ou Huffington Post avec pour spécialité, la réflexion de fond», affirme le quinqua, connu pour avoir été l’un des proches associés de Thierry Ardisson. Plusieurs auteurs qui prendront part au cent pages à venir ont déjà été révélés sur le site du Front populaire : la professeur d’histoire Barbara Lefebvre, la militante pour la défense de la laïcité Céline Pina, l’essayiste souverainiste québécois Mathieu Bock-Côté, l’économiste Jacques Sapir ou encore l’ex-Gilet jaune Jacline Mouraud. Le patriote Djordje Kuzmanovic (ex-France insoumise), pour sa part, aura droit à une interview et rédigera un article.

D’autres personnalités, dont «plusieurs figures emblématiques des Gilets jaunes» et «d’anciens politiques», seront aussi de la partie et annoncées progressivement. Dans la galaxie des souverainistes, on peut immédiatement penser à Henri Guaino ou Jean-Pierre Chevènement. Concernant l’ancien ministre de l’Intérieur, l’hypothèse semble d’ailleurs plus que probable, Jean-Pierre Chevènement et Michel Onfray étant proches. Le cofondateur de Front populaire ne souhaite malgré tout, pour l’heure, «ni confirmer» cette information, «ni l’infirmer».

Ce qui nous intéresse chez Didier Raoult, c’est sa capacité à disrupter

En revanche, parmi les auteurs dévoilés, l’un peut surprendre : le médecin Didier Raoult, connu du grand public depuis la crise du Covid-19. Car l’histoire du microbiologiste ne montre pas forcément de lien avec le souverainisme, l’un de ses plus proches collaborateurs, Yanis Roussel, étant d’ailleurs membre assumé de La République en marche, suppléant de la députée LREM Cathy Racon-Bouzon. Est-ce la recherche du buzz qui a conduit Front populaire à intégrer le médiatique défenseur du traitement à l’hydroxychloroquine dans son équipe ?

«Non», répond Stéphane Simon, qui poursuit : «Ce qui nous intéresse chez Didier Raoult, c’est sa capacité à disrupter, et à nous expliquer pourquoi la recherche française est paralysée, pourquoi il est important d’avoir une souveraineté dans le domaine médical et de la santé. Pourquoi, aussi, s’est-on fait autant damner le pion par l’Allemagne, Taïwan ou la Corée du Sud ?»

«Notre système médical – qui était censé être le plus performant du monde – a même été moins performant que les autres !», pointe encore du doigt Stéphane Simon, qui esquisse ainsi l’objet de la future contribution de Didier Raoult.

A terme, Front populaire sera un «un mouvement citoyen»

«On veut faire une autopsie claire de tout ce qui ne va pas en France», synthétise le collaborateur de Michel Onfray. Mais l’ambition de Front populaire semble aller plus loin que la rédaction de contributions et d’articles. Quand Michel Onfray oppose le front populaire au «front populicide», celui-ci étant incarné par ce qu’il appelle l’Etat maastrichtien, on peut en effet également voir dans la plateforme la création d’un front destiné à lutter intellectuellement et politiquement contre Emmanuel Macron.

On veut faire une autopsie claire de tout ce qui ne va pas en France

«Ce n’est pas un secret», corrobore Stéphane Simon. Le site pourra en conséquence accueillir «des propositions d’actions qui remontent des citoyens», appuie-t-il. «Tous les jours, il y aura du contenu posté sur cette plateforme, sur laquelle les territoires pourront remonter ou proposer des initiatives, avec des ambitions locales ou nationales», décrit-il d’autre part.

Front populaire a-t-il par ailleurs un dessein – voire un destin – politique en formant un parti, avec 2022 en ligne de mire ? Si Stéphane Simon assure qu’il est bien trop tôt pour évoquer la présidentielle et tout mouvement politique, il n’exclut pas que le projet devienne, dans sa deuxième phase, «un mouvement citoyen qui puisse peser le plus lourd possible sur les prochaines échéances électorales».

Front populaire ne soutiendra toutefois aucune candidature de rassemblement souverainiste sur le court-terme, et ni Michel Onfray, ni Natacha Polony – qu’ils aimeraient accueillir – ne seront propulsés comme étant la personnalité la plus idoine pour représenter les souverainistes. «On ne peut pas empêcher les gens de penser ce qu’ils veulent mais en l’occurrence, eux, ont déjà répondu que ce n’était pas leur ambition», ajoute Stéphane Simon.

Il ne s’agit pas de faire adhérer tout le monde au girondisme de Michel Onfray

Reste que Front populaire se présente comme une nouvelle chapelle souverainiste, dans laquelle Michel Onfray vise la «construction, faite par la France d’en-bas elle-même, d’une proposition populaire, girondine, proudhonienne, mutuelliste, fédéraliste, étatiste au sens expliqué par Proudhon dans sa Théorie de la propriété». Cela signifie-t-il que les auteurs et souverainistes de la revue doivent se fondre dans ce cadre ? Stéphane Simon veut rassurer les prochains contributeurs : «Ce qui est tout à fait nouveau par rapport aux organes de presse habituels, c’est qu’il y aura des propositions qui seront là pour donner une boussole. Les gens pourront s’y reconnaître. Il ne s’agit pas de faire adhérer tout le monde au girondisme de Michel Onfray.»

Dans cette optique, l’équipe de Front populaire ouvre la publication aux souverainistes de tous les horizons pour permettre la «convergence» : «Tous ceux qui pensent qu’il y a un intérêt à penser le monde d’après sont ainsi les bienvenus. On ne leur demandera ni leur carte, ni leur certificat d’origine ou de provenance. On s’interdit de réfléchir comme cela. On ne peut pas appeler au rassemblement et exclure les bonnes volontés. En revanche, Michel Onfray l’a dit : il ne sera ni mélenchoniste, ni mariniste.» 

Bastien Gouly

À propos de l'auteur RT France

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