La presse à billets roule à fond

La presse à billets roule à fond

La Banque du Canada fait de l’assouplissement quantitatif : elle imprime massivement de l’argent pour le secteur financier

Ottawa a finalement tranché : toutes les entreprises, petites et grandes, ayant subi une baisse de revenus d’au moins 30 % à cause de la pandémie seront admissibles à la Subvention salariale d’urgence, et ce, rétroactivement au 15 mars dernier. Cette subvention couvrira 75 % des premiers 1128 $ de salaire hebdomadaire de chaque salarié, soit 847 $ pour toute la durée du programme.

Il va sans dire qu’une telle générosité envers les entreprises pour les inciter à garder leurs salariés en conduira certaines à utiliser leur imagination comptable pour « déjouer le système » même si elles n’en ont pas besoin. D’où une mise en garde ferme, mais malheureusement encore bien imprécise, du premier ministre.

Au total, Ottawa s’est engagé jusqu’à maintenant à dépenser pas moins de 200 milliards supplémentaires au cours des prochains mois, du jamais vu. Bien sûr, il faudra emprunter cet argent, mais, contrairement aux provinces, Ottawa est l’ordre de gouvernement qui émet la monnaie, ce qui lui confère une certaine latitude en période de difficultés économiques si son bilan initial est sain, ce qui est le cas du Canada.

 

La politique budgétaire n’est pas le seul outil utilisé à l’heure actuelle par Ottawa pour éviter que la récession ne se transforme en panne totale. Il y a aussi la Banque du Canada et les banques à charte.

En abaissant son taux directeur à deux reprises, la banque centrale a réduit les coûts d’emprunt à court terme, mais, dans le contexte où plus personne ne pense à investir ou à consommer, la manœuvre ne suffit pas. De toute façon, aucune banque ne veut prêter à des gens sans emploi et à des entreprises sans clients. D’où les programmes de prêts aux PME assurés par l’État, parfois sans intérêt.

Puis il y a les grandes sociétés dont les actions en Bourse et les titres de dette (obligations, papiers commerciaux) ne trouvent plus preneurs. La banque centrale a donc annoncé qu’elle allait racheter l’équivalent de 5 milliards de dollars par semaine d’obligations du gouvernement fédéral détenues par les institutions financières. Ce faisant, elle injectera autant de liquidités supplémentaires au moment où le système financier risque de défaillir.

Par la même occasion, la banque centrale s’est dite prête à acheter des papiers commerciaux, ces titres d’emprunts à court terme émis par les entreprises pour financer leurs activités courantes.

Si la manœuvre sert à éviter l’assèchement de cette source de liquidité nécessaire pour les sociétés, elle vise aussi à soutenir les fonds de placement du marché monétaire, dont le rendement provient en bonne partie de ces papiers commerciaux. En agissant ainsi, on évite que les investisseurs perdent aussi confiance dans ces fonds monétaires au profit de l’argent comptant.

 

Où la Banque du Canada prend-elle ces milliards ? Elle les imprime, tout simplement. Quant à tous ces titres de dettes retirés de la circulation, ils sont déposés dans les coffres de la Banque du Canada en attendant d’être revendus au plus offrant dans quelques années, lorsque le moment sera venu de comprimer la masse monétaire à cause des pressions inflationnistes.

C’est la première fois de son histoire que la Banque du Canada a recours à cette pratique nommée « assouplissement quantitatif » (quantitative easing), contrairement à la Réserve américaine, championne en la matière depuis la récession de 2009. Jusqu’à ce jour, la Banque du Canada se contentait de baisser ses taux d’intérêt pour générer des liquidités dans le système bancaire et ainsi stimuler la demande, mais cette approche ne fonctionne pas dans un contexte où tout est fermé.

En agissant de la sorte, la Banque du Canada appuie donc les efforts du gouvernement fédéral et des provinces pour venir en aide directement aux ménages et aux entreprises, mais aussi pour s’assurer que les marchés financiers continuent de jouer leur rôle de fournisseurs de produits d’emprunt, d’épargne et d’investissement sans lesquels seuls quelques véhicules, comme le dollar américain, l’or et l’immobilier, auraient de valeur aux yeux de tous.

Malheureusement, malgré leurs beaux discours, les banques à charte tardent à apporter leur contribution dans cette bataille, par exemple en continuant d’exiger des taux d’intérêt exorbitants pour plusieurs de leurs produits populaires, comme les cartes de crédit. Leur seul engagement sincère est celui de protéger le rendement pour l’actionnaire. Or, compte tenu du coup de pouce extraordinaire qu’elles reçoivent du gouvernement fédéral et de la Banque du Canada pour éviter l’effondrement de leur gigantesque portefeuille de prêts, Ottawa devrait être beaucoup plus exigeant qu’il ne l’est à leur endroit.

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